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Quelques statistiques :

Superficie ensemencée au Canada (hectares)

1930  --  60,000

1997  --   2,100

1998  --     600

2006  --  7,200

2007  --  2,000

 

Rendement variable de 100 kg/hect à 1,500 kg/hect

 

Mise en marché :

- Exportation pour environ 50 % de sa production vers le Japon, les États-Unis et quelques pays d’Europe dont la Belgique et la Bretagne.

- Production de farine et autres sous-produits vendus localement.

- Pas de réseau de mise en marché organisé et peu de soutien de la part du ministère de l’Agriculture. (Recherche et stabilisation)

 

Comprendre la régression de la culture du sarrasin

La culture du sarrasin demande un sol peu exigeant, ne requiert pas d’amendement de fertilisation, ou très peu, et le sarrasin se défend seul face aux mauvaises herbes grâce à une croissance rapide et feuillue, étouffant tout sur son passage. Toutes ces particularités en faisaient une culture de prédilection au début du siècle, avant l’avènement des méthodes culturales que nous connaissons aujourd’hui : pesticides, amendement avec fertilisant chimique, drainage, subvention, etc.

Sur presque que chacune des fermes, un lot était consacré à la culture du sarrasin.  À la récolte, le sarrasin était moulu en farine et distribué en poche  de 50 lbs à l’intérieur des familles nombreuses.  La plupart des citadins des grandes villes et des plus petites avaient un lien direct avec de la parenté en campagne qui leur fournissait la précieuse farine qui leur permettait de passer l’hiver avec un aliment nourrissant et peu dispendieux.

 

Avec le temps, arriva l’ère de la mécanisation, des familles plus petites.  Une génération passe, puis deux.  Le lien ville-campagne diminue et le nombre de fermes aussi.  Les producteurs de sarrasin n’ont plus 20 ou 30 familles nombreuses à qui fournir leur 50 lbs de farine.  La disponibilité des autres aliments importés et leur diversification comblent les besoins des citadins.

 

Les politiques agricoles s’améliorent : subvention pour le drainage des sols, assurances récoltes et stabilisation. Les élevages laitiers, avicoles et porcins s’accentuent, augmentant d’autant la demande en céréales pour les animaux. Le réseau de commercialisation des grains s’organise. 

Avec l’élection d’un gouvernement séparatiste, des politiques d’auto suffisances sont mises en place : subvention pour la construction d’entrepôts à grain afin de ne plus dépendre de l’Ouest canadien pour nos approvisionnements en céréales par exemple et diminuer l’impact de la baisse de prix lors des récoltes. Les producteurs peuvent vendre leurs grains sur toute l’année et bénéficier de meilleurs prix.

 

Aujourd’hui, des cultures comme le soya et le maïs grain sont communes partout au Québec.  Ces dernières étaient inexistantes, il y a à peine 60 ans. Ils ont fait leur apparition sur la rive nord du Saint-Laurent, il y moins de 40 ans.

 

Avec des rendements stables, des assurances agricoles qui protègent les rendements et les prix, une mécanisation efficace et une mise en marché bien organisée, le sarrasin est relayé au rang de culture marginale.

 

Au début des années 90, le lien ferme-citadin est maintenant rompu. Les sols sont bien égouttés, fertilisés et propres de mauvaises herbes grâce aux herbicides et les revenus sont garantis.

 

Pourquoi certains producteurs cultivent-ils encore du sarrasin ?

 

Pour la majorité des producteurs, le sarrasin demeure encore une bonne culture de dépannage en raison de sa saison de végétation courte et de ses propriétés d’engrais vert.

Pour ce qui est de sa saison de végétation courte, disons d'emplée que le soya s’en apparente, mais dans les règlements des politiques agricoles d’assurances, des dates limites de semis ont été mises en place, soit le 10 juin pour les zones de 2 600 unités thermiques ou moins.

Pour diverses raisons, certains producteurs optent pour le sarrasin dans des cas suivants :

-        Destruction de luzernières qui ont gelé l’hiver précédent.  L’agriculteur récolte la première coupe, laboure, laisse reposer une semaine et ensemence du sarrasin à la fin juin.

-        Pluies diluviennes ou grêles qui détruisent certains semis.  Une fois que l’assurance a donné son accord pour détruire le champ, le producteur opte souvent pour le sarrasin si la saison a passé la date du 10 juin.

-         Dans des rotations de cultures où l’on a perdu le contrôle des mauvaises herbes et que l’on est certifié bio. Le principe est de faire plusieurs faux semis (herser le champ et laisser les mauvaises herbes germer deux semaines et herser de nouveau pour faire germer d’autres mauvaises herbes) jusqu’au début juillet, puis semer du sarrasin qui se chargera d’étouffer le reste. On notera une baisse significative d’infestation l’année suivante.  Les producteurs peuvent opter pour un enfouissement en engrais vert ou vendre la récolte.

-        Quelques producteurs optent aussi pour cette culture en rotation avec le tabac, les pelouses cultivées et récoltées avant le début juillet, la pomme de terre.

-        Certains producteurs plus au Nord, où les unités thermiques ne permettent que des cultures limitées par la saison de végétation.

-        Certains producteurs n’ont jamais laissé la production et s’en sont fait une spécialité en raison de leur situation géographique.  C’est le cas des producteurs en bordure du lac Saint-Pierre qui ont des terres en zone inondable, ou de producteurs qui commercialisent d’autres produits marginaux ou horticoles en livraison directe dans des épiceries.  Ils ont leur propre système de mise en marché.